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« Fidèle à sa patrie et fier de sa foi. » (Saynète)

« Un chef de patrouille remarquable » ARTS DRAMATIQUES

PERSONNAGES :

- Marcel Callo
- Compagnon 1
- Compagnon 2
- L’officier de la Gestapo
- L’aumônier allemand du village
- Un kapo allemand
- Soldat allemand 1
- Soldat allemand 2

Acte I, Scène 1

Compagnon 1, officier de la Gestapo

Salle d’interrogatoire. Il y une table et deux chaises au centre de la scène. L’officier de la Gestapo se tient debout derrière la chaise côté cour. Il a les mains dans le dos et attend en silence. Un cri retentit subitement depuis les coulisses.

COMPAGNON 1, affolé

Marcel ! Marcel !

Un kapo entre côté jardin et vient se placer près de l’officier. Deux soldats allemands le suivent, tenant Marcel par les bras.

Scène 2

L’officier de la Gestapo, le kapo, deux soldats allemands, Marcel Callo

KAPO, pointant Marcel du doigt

C’est lui, Monsieur l’officier ! Oui, oui ! Regardez ! Méfiez-vous de ces airs innocents ! Je savais, moi, qu’il y avait quelque chose de louche chez ce gamin ! Je le dis depuis le début ! Il s’approche de Marcel, menaçant. Oui. Je reconnais une crapule quand j’en vois une.

Le soldat 1 repousse le kapo.

SOLDAT 1, sarcastique

Tu es bien placé pour le savoir, misérable ! Tu es la pire de toutes.

KAPO

C’est bien lui, je vous dis !

OFFICIER, calmement

Ça ira. Soldat, raccompagnez le kapo et assurez-vous qu’il ait sa double ration !

Le soldat allemand 1 s’approche du kapo, le saisit rudement par le bras et l’emmène. Ils sortent côté jardin.

Scène 3

L’officier de la Gestapo, Marcel Callo, soldat allemand 2

OFFICIER, à Marcel

Assis-toi.

Le soldat allemand 2 saisit Marcel par les épaules et le force à s’assoir, puis il va se poster en faction de la porte.

OFFICIER, toujours très calme

Je suis navré que l’on t’ait tiré de ton sommeil.

MARCEL, déterminé

De quoi suis-je accusé ?

L’officier émet un petit rire et fait quelques pas, comme pour réfléchir.

OFFICIER, enjoué

Très bien ! Allons droit au but si tu le souhaites ! Silence. Tu as été dénoncé, Marcel.

MARCEL

Nos lettres sont censurées, nos conversations écoutées. On nous garde à l’œil depuis notre arrivée à Zella-Melhis. Cet entretien n’était finalement qu’une question de temps.

OFFICIER

Tu ne doutes de rien, n’est ce pas ? Il sort un paquet de lettres de sa poche qu’il lance sur la table. Ton nom apparaît dans la liste des membres de « L’action catholique ». Croyais-tu vraiment qu’on n’en aurait jamais rien su ?

Un vacarme épouvantable retentit. Le soldat allemand 2 rentre précipitamment.

Scène 4

L’officier de la Gestapo, Marcel Callo, l’aumônier allemand, les deux soldats allemands

SOLDAT 1

Monsieur ! C’est l’aumônier du village, il veut vous voir !

L’aumônier du village allemand entre précipitamment par la porte côté jardin et s’avance vers la table.

AUMONIER, alarmé

On vient de m’avertir !

OFFICIER, exacerbé

Vous n’avait rien à faire ici, mon père !

L’officier fait signe au soldat 2 de raccompagner l’aumônier, mais celui-ci se débat. Le soldat recule.

AUMONIER

Que reproche-t-on à ce jeune homme ?

OFFICIER

Cela ne vous regarde pas !

MARCEL, à l’aumônier

L’officier de la Gestapo a découvert que je faisais parti de l’action catholique.

AUMONIER

Eh bien ? Est-ce un crime ?

OFFICIER, nerveusement

Organiser des réunions secrètes est strictement interdit ! Je suis surpris que cela vous ait échappé, mon père. Vous qui êtes allemand !

AUMONIER

Enfin ! Ce sont des jeunes gens ! Allemand ou non, il faut bien qu’ils s’occupent !

Marcel se dresse d’un bond.

MARCEL

Vous savez parfaitement que notre action est plus qu’un passe-temps !

OFFICIER

Tu admets ?

MARCEL

J’admets vouloir redonner espoir à mes camarades ! Nous voulons vivre notre idéal, nous nous battons pour cela !

OFFICER, en criant

C’est contre le Reich que tu bats, Marcel ! Silence. Plus calmement. C’est de la trahison.

Le soldat allemand 2 force Marcel à se rassoir et reste derrière lui.

AUMONIER, à l’officier

Ne l’écoutez pas ! Ce n’est qu’un gamin. Il ne sait pas ce qu’il dit.

MARCEL

Nous essayons d’améliorer la vie dans le camp, et nous tentons de trouver des solutions pour pouvoir assister à plus de messes...

AUMONIER, précipitamment

Vous voyez ? Il n’y a rien de mal. Ce sont des vœux bien inoffensifs. Ils veulent servir Notre Seigneur.

SOLDAT 1, vivement

L’aumônier a raison, Monsieur.

OFFICIER

Qui vous a donné l’autorisation d’intervenir ?

SOLDAT 1

Je ne peux pas me taire, Monsieur ! Le travailleur Marcel Callo n’a rien d’un terroriste ! Il ne veut que servir Dieu et son pays, comme moi !

L’officier lève la main pour l’enjoindre de ce taire.

OFFICIER

Il suffit ! Vous aurez à répondre de cet acte.

MARCEL, provocant

De quoi avez-vous peur, Monsieur ?

OFFICIER, calmement

De votre foi... C’est de votre foi que vous tirez votre force. Et si vous mettez pour nous combattre la même détermination que vous avez pour servir Dieu, alors nous sommes perdus. Si plusieurs individus de ta trempe se rassemblent, ce groupe deviendrait une menace... Je ne peux pas le permettre.

AUMONIER

Oh ! Comme vous y allez ! Une menace ? Ils ne sont pas si nombreux, et...

OFFICIER, rugissant

Ce réseau s’étend sur toute la Thuringe ! Il abat un point sur la table. Et cette croix qui est suspendue dans le casernement est l’élément qui les rallie tous ! Une croix que tu as fabriquée pour nous provoquer !

MARCEL

Notre croix dans la « kirche » est symbole de vie et d’espoir ! La vôtre est...

Marcel s’apprête à se lever mais l’aumônier l’en empêche.

AUMONIER, suppliant

Tais-toi ! Marcel, je te demande de sauver ta vie !

MARCEL

La France est file aînée de l’Église, mon père. Je suis moi-même catholique et français. Je ne peux pas renoncer à ce combat, même pour sauver ma vie.

AUMONIER

Cela fera-t-il de toi un héros ?

MARCEL

Les héros meurent pour la gloire, les martyrs pour leur foi.

AUMONIER

Passe ta jeunesse à servir Dieu avec cette même ferveur ! Vis et rends-lui grâce pour toutes Ses bontés !

OFFICIER, au soldat 1

Soldat, Monsieur l’aumônier ne doit pas manquer les Laudes. Raccompagnez-le et et assurez-vous qu’il ne nous interrompe plus.

AUMONIER

Vis Marcel ! Vis !

Le soldat s’avance et emmène l’aumônier à contrecœur. Ils sortent côté jardin.

Scène 5

L’officier de la Gestapo, Marcel Callo, soldat allemand 2

L’officier s’assoit et croise les mains sur la table.

OFFICIER

Qu’est-ce qui te pousse à te dresser, Marcel ?

MARCEL

La même chose que vous : le devoir.

L’officier se recule sur sa chaise et croise les bras.

OFFICIER

Je sers l’avenir d’une patrie plus grande et plus puissante encore. Ton devoir te conduit à ta perte.

MARCEL

C’est ce que vous pensez.

OFFICIER

Pourquoi ne pas simplement avoir mené une existence normale à Zella-Melhis ? Il t’a suffit de mettre un pied ici pour remuer tout l’ordre du camp ! Tu rassembles non seulement des membres de l ’action catholique, mais tu milites également au sein de l’Amicale française.

Il déplie un papier

OFFICIER, citant

Ton équipe de football les « Coqs français » arbore un coq tricolore sur la chemise. Mais la provocation ne s’arrête pas là ! Tu as franchi les barbelés du camp pour rejoindre des prisonniers de guerre français, alors que cela vous est formellement interdit.

MARCEL

Malgré vos menaces et vos amendes, vous ne pourrez jamais nous empêcher de saluer nos compatriotes.

OFFICIER

Tu connais les risques. Silence. Pourtant, tu ne renonces pas. Je sais que toi et tes camarades cherchez à ralentir le travail à l’usine.

MARCEL

Nous travaillons à notre rythme, c’est tout.

OFFICIER

Balivernes ! C’est tout notre système que vous remettez en cause avec votre résistance passive.

MARCEL

Monsieur, je suis ici par la volonté de l’Allemagne, pas la mienne. Je n’ai pas choisi le service du travail obligatoire. Si vous ne voulez plus de moi, si ma présence au camp vous dérange, alors laissez-moi partir !

L’officier se lève, fait le tour de la table et vient se poster derrière Marcel.

OFFICIER
Ta loyauté est aussi inutile que tes sarcasmes. Rends-toi à l’évidence, la France est vaincue, elle n’existe plus !

Marcel se lève brusquement.

MARCEL
Tant qu’il restera un Français sur cette terre, la France existera toujours !

Les deux soldats allemands entrent côté jardin.

Scène 6
L’officier de la Gestapo, Marcel Callo, deux soldats allemands

L’officier rassoit Marcel. Il fait le tour de la table et vient se placer derrière sa chaise.

OFFICIER, d’un ton de confidence
Je ne peux pas permettre un mouvement de résistance, tu comprends ?

MARCEL
Vous feriez bien mal votre besogne, en effet.

OFFICIER
J’admire ton dévouement, Marcel. Mais trop d’hommes t’écoutent et te suivent. Il ne peut y avoir plusieurs chefs ici. Que dois-je faire à présent ?

MARCEL
Je fais mon devoir envers l’Eglise et la France. Faites le vôtre, Monsieur. Sachez seulement que je ne changerai pas. Je fais ce pour quoi Dieu m’a créé.

OFFICIER
Dieu n’est pas ici, mon garçon.

MARCEL
Si. Et je prierai pour qu’Il vous sauve.

L’officier baisse la tête et soupire. Puis il fait signe aux soldats d’avancer. Le soldat 2 se saisit brusquement de Marcel et l’emmène. Ils sortent côté jardin. Le soldat 1 n’a pas bougé, il regarde l’officier avec mépris et sort, peiné. Enfin l’officier de la Gestapo regarde vers le ciel et s’en va.

Scène 7
Compagnon 1, Compagnon 2

Dans la « Kirche ». Les deux compagnons sont debout devant la scène.

COMPAGNON 1
Ils l’ont emmené à la prison de Gotha.

COMPAGNON 2
Pourquoi ?

COMPAGNON 1
Il était « trop catholique ».

COMPAGNON 2
Voilà un motif que je n’oublierai jamais ! « Trop catholique ». Ils avaient peur de sa facilité à rassembler. Nous le suivions parce qu’il était bon. C’est une force qu’ils craignent plus que les armes que nous leur fabriquons : on ne peut rien contre la bonté. Silence. Le reverrons-nous ?

Silence. Les deux compagnons se regardent et baissent la tête.

COMPAGNON 2, ému
Ce vide soudain m’attriste plus que je ne l’aurais cru. Sa joie de vivre nous manquera.

COMPAGNON 1
C’est bien vrai. Mais dis-toi qu’il la distribuera à des compagnons d’infortunes, bien plus malheureux que nous. Marcel est un cadeau de Dieu. Si nous avons supporté cette existence grâce à lui, d’autres la supporterons aussi, et c’est déjà une douce consolation.

Les deux compagnons se tournent vers les spectateurs.

COMPAGNON 2
Il est la joie dans le tourment.

COMPAGNON 1
Il est la lumière qui fend l’obscurité.

COMPAGNON 2
Il est l’espoir face aux obstacles.

COMPAGNON 1 ET 2, solennellement
Adieu, mon ami.

FIN


Auteur :

Par Anne-Charlotte MAUBOUSSIN

Publié le 15 décembre 2014
 
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